24 Peintures pour évoquer « Mirèio » :  
 
Aquarelles de 32x50cm  
avec collages de papier de soie et fil de lin,  
commandées et réalisées en 2009, 
à l’occasion du cent cinquantième anniversaire de l’œuvre « Mirèio »
de Frédéric Mistral, 1859. 

 
 
« Quand le jeune Frédéric MISTRAL publia « Mireille » en 1859 à l’âge de 29 ans, le succès fut immédiat et national.
Ce rapide succès fut en partie lié aux entretiens littéraires avec LA MARTINE
qui le présenta comme le nouvel HOMERE de la Provence.
Mais le talent de Mistral ne fit que s’affirmer jusqu’à l’obtention en 1904 du prix Nobel. 
 
« Mirèio » est un poème épique en 12 chants écrit en Provençal mais également traduit en français par Mistral lui-même. 
 
L’histoire évènementielle est plutôt classique :
deux jeunes gens, un pauvre vannier, une belle et riche fille de fermiers, qui tombent amoureux l’un de l’autre !
Et cela va mal finir … 
Thème éternel de la richesse et de la pauvreté, de l’amour et de la mort … 
 
L’on pourrait dire que cette histoire sert un peu de prétexte pour dresser le tableau d’un monde rural
avec ses pratiques, ses traditions, ses croyances.
Un monde qui connut son apogée autour des années 1850 avec sa langue parlée depuis le Moyen Age
et sa façon de vivre en harmonie avec la nature dans un équilibre écologique qui laisse rêver nombre d’entre nous. 
 
Un Monde qui allait « se faire dévorer » par l’industrialisation croissante
pour aboutir aux menaces de mondialisation que nous vivons actuellement.
Menaces de perte de la richesse des diversités : biodiversité mais aussi des langues, des cultures, des pratiques. 
 
C’est pour cela aussi que nous avons tenu à marquer le cent cinquantenaire d’une telle œuvre,
en réalisant une représentation audio-visuelle et 24 peintures originales
illustrant 24 citations tirées des 12 chants de « Mirèio ». 
 
Pour nous la tradition n’est pas un retour vers un passé suranné,
mais un puits de richesse et une voie d’ouverture vers l’avant-garde.
Quand ces richesses menacent de disparaître la tache à la fois de maintenance et d’avant-garde,
c’est de faire de cette disparition annoncée un nouveau commencement. 
Ou, comme dit le poète, de savoir que « La Tradition c’est ce qui plonge ses racines dans l’Avenir ».
» 
                                                                                                                                                                                 
                                                                                                                                                             MC,
 commanditaire des illustrations.

Chant I « Lou Mas di Falabrego » (Le Mas des Micocoules) 
 1 Vincent et son père, misérables vanniers du bord du Rhône, s’en vont de mas
en mas pour « raccommoder les corbeilles rompues et les paniers troués. » 

«… E pedassavo li canestello routo e li panié trauca. » 
Les voilà au Mas des Micocoules, domaine de Mireille,
la très belle fille d’un riche fermier. 
 2 Ils sont invités à partager le repas avec tous les gens du mas, et Mireille,
« avec l’huile de l’olivette, leur assaisonne un plat de fèveroles. »
 
« Emé l’òli de l’óuliveto ié garnigè’n plat de faveto. » 
« Coume au mas, coume au tèms de moun paire, ai ! ai ! ai ! » 

(Comme au mas, comme au temps de mon père, hélas !) 
(Cela rappelle à Mistral, le temps où il vivait avec son père
au Mas du Juge.) 
Chant II « La culido » (La cueillette) 
 3 Le travail des jeunes filles est de cueillir en chantant les feuilles de mûriers,
afin de nourrir les vers à soie qui, arrivés à leur 3ème mue,
fournissent les fameux cocons. 

« Cantas, cantas, magnanarello…
Galant soun li magnan e s’endormon di tres. » 
 4 Vincent aide Mireille à « cueillir la feuille » dans l’arbre.  
Ils découvrent un nid de mésanges bleues. 

« - De pimparrin ! – De que ? – De bèu sarraié blu ! »
 
Une chute accidentelle donne à Mireille et Vincent, l’occasion de se déclarer leur amour. 
Chant III « La descoucounado » (Le dépouillement des cocons) 
 5 A l’occasion du dépouillement des cocons, Taven « la sorcière » détentrice de l’ancestrale médecine, vient des falaises des Baux pour donner son aide. 
« Taven, pèr douna soun ajudo, peréu di Baus èro vengudo. »
 6 Les jeunes filles se moquant du penchant de Mireille pour un pauvre va-nu-pieds, déclenchent la colère de Taven.  
Pour montrer que la vraie richesse est ailleurs, elle raconte le miracle du misérable berger. 
« Ero un pastre : touto sa vido, l’avié passado assouvagido… » 
Chant IV « Li demandaire » (Les prétendants) 
 7 Mireille a trois riches prétendants qu’elle éconduira. 
« Vint d’abord le berger Alàri. On dit qu’il avait mille bêtes… » 
« Venguè proumié lou pastre Alàri. Dison qu’avié milo bestiàri… »
 8 Le second prétendant est un éleveur de juments qui possédait
cent cavales blanches. 

« Venguè tambèn un gardian d’ego, Veran. …
Avié cènt ego blanquinello… » 

Le troisième prétendant, c’est le gardian de taureaux,
« Ourrias lou toucadou » 
le plus impressionnant, que le refus de Mireille rendra furieux. 
Chant V « La batèsto » (Le combat) 
 9 Ourrias, furieux de ce refus, rencontre Vincent ;  
pour se venger et défouler sa colère il l’insulte et le provoque. 
« L’un sur l’autre ils fondent comme deux taureaux. 
…Et d’amour deviennent fous et aveugles. » 
« Un sus l’autre à la fes parton coume dous biòu. …
E d’amour sus-lou-cop vènon foui e calu. » 
 10 Ourrias, qui a laissé Vincent pour mort en l’agressant traîtreusement,
est pris d’un remords fou…
Dans son délire il rencontre les revenants de la nuit de la Saint Médard,
noyés du Rhône, qui selon la légende, pour un temps rejaillissent du fleuve. 

Ils l’entraînent sur leur barque.
La barque coule à nouveau et Ourrias ne sait pas nager… 

« - Sabe pas nada, capitàni !... La sauvarés la barco ? – Nàni ! » 
Chant VI « La masco » (La sorcière) 
 11 Vincent, grièvement blessé est amené par Mireille (aidée des
 gens du mas) à la grotte des fées, demeure de la sorcière Taven.
 Celle-ci connaît encore les remèdes des temps païens, les temps
 de ces fées que la nouvelle civilisation a rejetées dans l’ombre. 

« … Li Fado antico, pèr toustèms, dóu soulèu an fugi lou trelus. » 
 12 Taven pratique la médecine par les plantes et fait l’éloge des
« mauvaises herbes », telles « l’orge des rats »,
qui pousse sur les terres arides, et ainsi
depuis des éternités permettent la survie des troupeaux. 

« - Pauro flour de la tepo ! ... Au-mai te caucigon, au-mai tis espigau espigon… » 
 13 Et avec sa « potion magique » elle sauve Vincent,  
tandis qu’autour du chaudron les chats font cercle. 
« A soun entour li cat fasien lou roudelet. » 
Chant VII « Li vièi » (Les vieillards) 
 Vincent a convaincu son père (Maître Ambroise) d’aller demander la main de Mireille au père de celle-ci (Maître Ramon).
Le refus sera violent et humiliant. 

« Gardo toun chin, garde moun ciéune. »
(Garde ton chien, je garde mon cygne.) 
 14 Le chant s’achève avec la grande fête de la fin des moissons. 
« La table faisait plaisir à voir. »
« La taulo fasié gau… » 
 15 Ce sont les feux de la Saint Jean,
et il est de tradition pour les jeunes gens de montrer leur courage
et de se purifier en sautant trois fois par-dessus les flammes. 

« Tres fes, à gràndis abrivado, fan dins li flamo la Bravado… » 
Chant VIII « La Crau » (La Crau) 
 16 Mireille qui n’a pas supporté le refus de sa famille, part pour les Saintes-Maries-de-la-Mer demander un miracle : le consentement de son père. Elle traverse la Crau sous un soleil de plomb, en ayant oublié son chapeau. 
Même les insectes (les mantes religieuses entre autres) lui conseillent de s’en retourner. 
« E li prègo-Diéu : ... – O pelerino, entourno, entourno-te ! ié venien. » 
17 Dans sa course folle elle rencontre enfin un puits où se trouve un petit garçon jouant avec les limaçons qu’il a ramassés pour la vente. 
« I’a’n pichot drole que jougavo… Contro, avié’n panié plen de blanc cacalausoun. »  
Chant IX « L’Assemblado » (L’Assemblée) 
 18 Dans le mas où l’on s’est aperçu de la disparition de Mireille, l’inquiétude monte. Maître Ramon stoppe les travaux et envoie ses hommes à sa recherche. 
A travers champs l’on « va comme l’éclair ». 
«… Dins lis óulivié gris pren lis acóurchi ; mounte lampo… » 
Chant X « La Camargo » (La Camargue) 
 Mireille continue la traversée de la Camargue. Mistral s’adresse aux « Provençaux d’Arles jusqu’à Vence » et leur parle du Rhône et du climat… 
 19 Le Rhône, qui traverse Avignon et regrette les fastes du temps où les papes habitaient la ville. « Lou Rose, … regretous dóu palais d’Avignoun… » 
20 Le Rhône, qui va bientôt se jeter à la mer et ainsi perdre « et ses eaux et son nom »…
«… Pareissié tout malancòni d’ana perdre à la mar e sis aigo e soun noum. »  
A l’image de cette civilisation paysanne menacée de perdre et sa langue et ses traditions. 
 21 Mireille, qui en est au second jour de sa traversée de la Camargue
(et sans chapeau) va être terrassée par une insolation. 

« De l’implacablo souleiado tout-en-un-cop l’escandihado 
Ié tanco dins lou front si dardaioun… »  

Chant XI « Li Santo » (Les Saintes) 
 Mireille, dans son agonie, voit les Saintes Maries
(Marie-Jacobé, Marie-Salomé et Marie-Madeleine),
et leur demande de faire fléchir son père qui s’oppose à son mariage avec Vincent.
 
« De touca soun cor, 
Vous es pau de causo, 
Bèlli Santo d’or. »
(C’est peu de chose pour vous, belles Saintes, de toucher son cœur.)  

 22 Les Saintes lui racontent alors comment, avec leur servante Sara, elles se sont sacrifiées pour christianiser la Provence.
Et ce sont, par exemple, les pleurs de Marie-Madeleine, retirée dans la grotte de la Sainte-Baume, qui ont donné source à l’Huveaune.
 
« E dins l’Uvèuno que s’aveno emé li plour de Madaleno… »  
 23 À leur image, les Saintes proposent à Mireille de sacrifier sa vie et son amour afin de gagner plus vite le Paradis.
« Adiéu, Mirèio !... L’ouro volo, 
Vesèn la vido que tremolo 
Dins toun cors, coume un lume en anant s’amoussa… » 

Chant XII « La mort » (La mort) 
 24 Mireille arrive enfin à l’Eglise de Notre-Dame-de-la-Mer,
où la retrouvent ses parents,
puis Vincent, dans les bras duquel elle s’éteint…  
Tandis que dans la vieille Eglise résonne le cantique : 
«… Mais à la foule pècheresse qui à votre porte se lamente,  
…Si c’est la paix qu’il faut, de paix emplissez-la ! »
 
« O blànqui flour de la sansouiro, 
S’es de pas que ié fau, de pas emplissès-la ! » 

« S’es de pas ? »
Que signifie ce « si » ?  
La foule peut-elle s’en retourner en paix ?